Propos recueillis en conférence de presse.

Quel bilan tirez-vous de votre congrès ?

Nous avons eu trois tables rondes tout à fait passionnantes. La première a porté sur le numérique et a été très tranquille, alors qu'elle était dans le passé très animée. C'est sans doute l'expression d'une situation qui s'améliore, je veux le croire. Je suis très satisfaite de la table ronde sur le tourisme, qui a été très vivante et active. Elle a bien montré que la montagne est un espace économique qui veut se protéger des désordres que peut amener un développement non maîtrisé. Le "surtourisme", cela ne nous intéresse pas, au contraire du bon tourisme, respectueux de nos territoires et de ce que nous sommes, et qui apporte des retombées économiques. Enfin, il y a eu la table ronde sur l'agropastoralisme (lire notre autre article du jour, ndlr). Lorsque nous avons préparé ce congrès, nous savions qu'elle était indispensable ici, au cœur de ces problématiques. Je tiens à remercier les préfets présents. Nous avons pu nous exprimer dans le respect même si c'est un sujet qui suscite de l'émotion et de la passion. Mais il fallait que cette émotion puisse s'exprimer. Et je regrette que nous n'ayons pas eu de ministre autour de cette table ronde, malgré les efforts que nous avons déployés en ce sens. Il fallait qu'un ministre entende au-delà d'un compte-rendu de congrès car l'émotion, quand on la vit, est irremplaçable. Au nom de la défense d'espèces menacées, on a oublié qu'il y en a une qui est aussi menacée, c'est le berger dans son existence professionnelle et personnelle. On a entendu la désespérance de ces éleveurs. Je ne peux pas ne pas faire de ce combat notre combat.

Lors de votre discours d'ouverture, vous avez plaidé pour le droit à la différenciation, fustigeant la "résistance" de ceux qui "ont du mal à admettre que la loi puisse être dédiée à certaines parties du territoire ou appliquée de façon adaptée". Sur ce point, l'intervention de Jacqueline Gourault, qui a fait valoir que son futur projet de loi, prévu pour le premier semestre 2020, permettra de "rendre plus souple et plus lisible les outils permettant aux collectivités de différencier leurs modalités d’action", vous a-t-elle satisfaite ?

Nous avons une ministre qui est une bonne connaisseuse des territoires et qui est animée du souci réel que la montagne soit prise en compte. Je reste cependant sur ma faim en matière de droit à la différenciation. C'est une de nos demandes fortes que de voir reconnu ce droit pour la montagne. Il est inscrit dans la loi Montagne de 1985 et dans son acte II de 2016. Ce droit à la différenciation, le président de la République en parle, il a l'opportunité d'en donner l'application avec la montagne, puisqu'il s'agit d'un espace différent qui appelle des politiques différenciées. Nous allons donc prendre le président au mot et mettre à l'épreuve l'expression de cette volonté avec la réalité dont l'Anem est le porteur. En outre, nous avons une demande forte en matière de différenciation budgétaire territoriale. La montagne a des contraintes particulières qui font qu'en matière de construction, d'entretien, tout est plus difficile et plus coûteux. À quand une DGF adaptée à la montagne ? Car les politiques c'est bien, mais le nerf de la guerre, cela reste tout de même les dotations. Et pourquoi pas une dotation de solidarité montagne (DSM) ? Dans le principe, nous la demandons depuis longtemps.

Un autre sujet qui préoccupe les élus de la montagne est la réforme de la géographie prioritaire, et notamment des ZRR (zones de revitalisation rurale), annoncée en septembre dernier par le Premier ministre pour l'après-2020. Quelle est votre position sur le sujet ?

Ce que Jacqueline Gourault a très bien exprimé, c'est qu'il y a deux philosophies qui s'affrontent. Met-on des espaces ruraux sous aides de l'État au motif que ce sont des zones défavorisées ou bien les aide-t-on à travers des politiques sectorielles ? C'est un choix politique que le gouvernement doit arbitrer. En tout état de cause, on ne peut pas laisser des zones qui se sont développées en comptant sur les aides produites par les ZRR en déshérence du jour au lendemain. On voit bien les conséquences que cela peut avoir. L'exemple des Ehpad est tout à fait éclairant. Si demain ils n'ont plus les aides que leur apporte le classement en ZRR, ils ne peuvent plus fonctionner car ils ont appris à fonctionner, ils se sont calibrés avec ce budget. Nous sommes donc très vigilants sur cette question.

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